Du 9 février au 17 mars 2018
Arondit – 98, rue Quincampoix, 75003 Paris
Vernissage le jeudi 8 février 18 – 21 h
Hic sunt dracones (ici sont les dragons) est une locution latine apparue en 1510 sur le Globe de Lenox signalant les lieux réputés dangereux car non cartographiés, peuplés de dragons, de tigres et de lions.
Les quatre artistes du collectif HIC SUNT – Lucile Bertrand, Katrin Gattinger, Valentine Gouget et Anna Guilló – sont toutes préoccupées par la question des territoires et par les notions de tracés et de cartographie qu’elles abordent à travers dessins, performances, installations, sculptures et vidéos. Leurs productions artistiques ont en commun d’explorer ce que les cartes disent des limites de notre monde afin, justement, d’offrir une autre manière de l’appréhender, de le ré-ouvrir et de le mettre en partage. Et si les œuvres interrogent la représentation des frontières – politiques, spatiales, mentales, langagières, etc. –, elles ne cherchent pas nécessairement à proposer des réponses figées. Il s’agit d’abord de provoquer poétiquement, et même, d’ouvrir de nouvelles problématiques. En cela, HIC SUNT explore aussi bien la finalité que la finitude des cartes.
Dans un article reprenant l’essentiel de leur ouvrage Border as Method, or the Multiplication of Labor, Sandro Mezzadra et Brett Neilson écrivent que le débat contemporain autour des frontières est imprégné d’un « sentiment d’anxiété cartographique ». Cette relation anxieuse à la frontière et à l’instabilité des contours fait l’objet de cette première exposition du collectif HIC SUNT sur les deux étages de la galerie Arondit. À cette occasion, une artiste invitée, Caroline Andrin, propose une œuvre en dialogue avec les projets du collectif.
On y découvre, par exemple, les instruments ayant enregistré graphiquement les tentatives d’une des artistes de franchir les frontières des 160 ambassades situées à Bruxelles, pour réclamer chaque fois que le sceau du pays soit apposé sur le dessin en train d’être tracé (Borderknots).
La vidéo Les Sirènes de Schengen offre un brouhaha sonore par la superposition des hymnes des 26 pays de l’espace Schengen et du « Chant 12 » de l’Odyssée dit en grec ancien, miroir d’une Europe qui a bien du mal à se constituer contre les réflexes protectionnistes des pays qui la constituent.
Un filet de pêche (Vergogna), réalisé à partir d’un bateau pneumatique découpé en lanières, évoque la relation ambiguë entre les réfugiés qui tentent d’atteindre les côtes européennes, et les pêcheurs, tantôt sauveteurs tantôt passeurs.
Une fausse carte maritime (Question de perspective) dessinée à la mine de plomb questionne avec ironie le langage dédié aux déplacements, qui induit différentes connotations selon d’où l’on part, mais surtout selon d’où l’on parle.
Anna Guilló, White Nights, 2018. Dessin au stylo 3D sur armature de tente, 120 x 200 x 100. (Détail).
Anna Guilló, Découpe, 2017. Dessin mural, dimensions variables.
Katrin Gattinger, Borderknots – Consulats Strasbourg, 2013. 1 dessin, encre sur papier gaufré, 60,9 x 44 cm. Machine à dessiner (caisse en bois, traceurs).
Performance : 26 août 2013 (date correspondant à l’adoption du dernier article de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789).
En se déplaçant en vélo et à pied selon un parcours déterminé à l’avance, l’artiste fait le tour des consulats strasbourgeois et tente d’y pénétrer. Les tampons appliqués sur le dessin témoignent de sa présence aux consulats. Parcours de 36 consulats, reçue dans 26 consulats, tampons de 21 consulats (+ 1 signature de consul). Sceaux des consulats et consulat généraux des pays suivants : Belgique, Luxembourg, Japon, Maroc, Roumanie, Monaco, Pologne, Danemark, Chili, Etats-Unis, Lettonie, Allemagne, Russie, Autriche, Turquie, Pérou, Espagne, Portugal, Serbie + 2 autres
Katrin Gattinger, Borderknots – Europa Hin und Zurück (“Europe, aller-retour”). Dessin, encre sur papier gaufré, 41,5 x 29,4 cm. Performance, juillet 2013. Petite caisse en bois avec 1 traceur.
Traversée en vélo aussi vite que possible 28 fois (pour chaque pays européen une fois) le pont de l’Europe à Strasbourg, et donc la frontière franco-allemande. Machine à dessiner sur le porte-bagage.
Lucile Bertrand, Touristic Route/Survival Route, 2017. Peinture acrylique et feutre sur couverture de survie. 210 x 160 chacune.
Lucile Bertrand, Question de Perspective, 2016. Mine de plomb, feutre noir et impression rouge sur papier. 73 x 110 cm.
Lucile Bertrand, Question de Perspective, 2016. Détail.
Valentine Gouget, Vergogna, 2017. Bateau pneumatique découpé en fines bandes, cartons, élastiques, 400 x 200cm. Photographie : Théodore Markovic.
Valentine Gouget, À l’horizon, 2017. Vidéo diffusée en boucle, 9’31, écran plat de télévision, 50 x 30 cm. Photographie: Théodore Markovic.
Pour plus de renseignements :
www.lucilebertrand.com
www.katrin-gattinger.net
www.cargocollective.com/valentinegouget
www.annaguillo.org
http://carolineandrin.com
www.facebook.com/collectifHICSUNT/
arondit.com
Les artistes seront présentes au vernissage et le samedi 10 février à partir de 11h